L'Allemagne: Un conte d'hiver

Caput XIX

Text by Heinrich Heine (1797-1856)
traduit en français par Joseph Massaad

deutsch - english

Avant-propos| Adieu | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX| X | XI | XII | XIII | XIV | XV
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII

Oh, Danton, tu t'es bien trompé
Et, pour cela, tu dois expier ta faute!
On peut vraiment emporter sa patrie,
Sur ses pieds, sur les semelles de ses bottes.

La moitié de la principauté de Bückenbourg
N'est restée aux bottes, collée;
Toute ma vie durant, je n'ai vu
Des chemins si argileux, si emboués.

Je descendis dans la ville,
Pour observer à Bückenbourg
Le lieu où mon grand-père naquit;
Ma grand'mère était de Hambourg.

J'arrivai à Hanovre vers midi,
Et me fis nettoyer les bottes, sans tarder.
Je m'empressai d'aller visiter la ville,
Quand je voyage, j'aime bien profiter.

Mon Dieu! tout a l'air si propre!
Les rues sont dépouvues de boue.
J'y vis un tas d'édifices magnifiques,
Des masses très imposantes, partout.

Une grande place m'a particulièrement plu,
Elle était entourée de maisons somptueuses;
C'est là que le roi habite, que se trouve son palais,
L'apparence extérieure est merveilleuse

( Notamment, celle du palais ). Une guérite
Se trouve devant le portail, de chaque côté.
Avec carabines, des uniformes en rouge y font la garde,
Ils sont menaçants et farouches, en aspect.

Mon Cicéron parla: «  Ici habite
Ernest Auguste, un Lord vieux,
Très conservateur, un noble,
Pour son âge, très vigoureux.

Sa demeure ici est sûrement idyllique,
Car, bien mieux que tous les trabans,
Il est protégé par le manque de courage
De ces chers que nous connaissons.

Je le vois parfois, il se plaint alors
De la monotonie de sa fonction,
De la fonction de roi, qui à présent,
Est devenue, à Hanovre, sa damnation.

Habitué à la vie de Grande-Bretagne,
Il se trouve trop à l'étroit à la cour,
Il souffre d'excentricité, il craint tout court
Qu'il se pendrait, simplement, un jour.

Avant-hier, je le vis tristement courbé
À l'heure matinale, devant la cheminé;
Il cuisinait une purge, tout seul, c'est sûr,
Pour ses chiens malades, en guise de cure.

Avant-propos| Adieu | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX | X | XI | XII | XIII | XIV | XV
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII