L'Allemagne: Un conte d'hiver

Caput XIII

Text by Heinrich Heine (1797-1856)
traduit en français par Joseph Massaad

deutsch - english

Avant-propos| Adieu | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX| X | XI | XII | XIII | XIV | XV
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII

Le soleil se leva à Paderborn,
Avec des gestes très contrariés.
En effet, sa tâche est contrariante:
Une terre stupide à éclairer!

Dès qu'il en a éclairé un côté,
Il tente de porter, hâtivement,
Sa lumière à l'autre, cependant,
Le premier s'assombrit, entre-temps.

Le rocher de Sisyphe roule sans cesse,
Le tonneau des Danaïdes, on a beau faire,
Ne sera jamais rempli.
Et le soleil éclaire en vain la terre!

Et tandis que la brume matinale se dissipait,
Sur mon chemin, je vis se dresser,
Dans la première rougeur du jour,
L'image de l'homme qui se fit crucifier.

Chaque fois, ta vue m'emplit,
Mon pauvre cousin, de mélancolie,
Toi, qui a cherché à racheter le monde,
À sauver l'humanité avec ta folie!

Ils t'ont joué un mauvais tour!
Ces messieurs aux grands conseils.
Quelle mouche t'a piqué, pour parler sans égards
De l'église et de l'état, d'une façon pareille?

Pour ton malheur l'imprimerie
N'était pas encore inventée, en ce temps;
Tu aurais pu écrire un livre entier,
Sur les questions célestes, du moment.

Tout ce qui aurait pu y porter à équivoque
Sur terre, le censeur aurait pu l'éliminer,
Et la censure t'aurait aimablement évité
De te faire crucifier.

Ah, si pour ton sermon sur la montagne,
C'était un autre texte que tu avais pris!
Tu aurais pu ménager toutes les âmes pieuses,
Pour cela, tu possédais assez de talent et d'esprit!

Même les changeurs de monnaies et les banquiers,
Tu les chassa, au fouet, du temple.
Exalté malheureux, te voila cloué sur la croix,
À présent, afin de servir d'exemple!

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