L'Allemagne: Un conte d'hiver

Caput X

Text by Heinrich Heine (1797-1856)
traduit en français par Joseph Massaad

deutsch - english

Avant-propos| Adieu | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX| X | XI | XII | XIII | XIV | XV
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII

Une nuit dense était tombée sur Hagen,
Et dans mes entrailles je pus déceler
Un étrange frisson. Ce n'est que dans l'auberge,
À Unna, que je pus enfin me réchauffer.

J'y trouvai une belle jeune fille,
Elle m'offrit le punch amicalement;
Ses cheveux bouclés étaient comme de la soie jaune,
Et les yeux, comme un clair de lune, charmants.

J'entendis de nouveau avec grande joie
Le zézaiement de l'accent de Westphalie.
Du punch émanaient maints doux souvenirs,
Je pensai à mes frères chéris,

Je pensai à la chère Westphalie, où à Göttingen,
Souvent j'y buvais jusqu'au moments
Où, nous ayant touché respectivement les cœurs,
C'était sous les tables que nous chantions!

Je l'ai toujours tellement aimée,
La chère, la bonne Westphalie,
Un peuple si ferme, si sure, si fidèle,
Dépourvu d'éclat et de fanfaronnerie.

Comme ils tenaient bien la mesure,
Ravissants, avec leurs cœurs de lions!
Les quatres, tout comme les tierces
Tombaient directs, avec les meilleures intentions.

Ils se battaient bien, ils buvaient bien,
Et quand, en guise d'amitié,
Ils te tendaient la main, comme des chênes
Sentimentaux, ils pleuraient.

Que le ciel te garde, vaillant peuple,
Et qu'il bénisse ta semence,
Qu'il te préserve de la guerre, de la gloire,
Des héros et de leurs actes de vaillance.

Que les épreuves, qu'il apporte à tes fils,
Soient modérées, qu'elles soient faciles ;
Que tes filles puissent joliment se caser.
Ainsi soit-il!

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