Beau berceau de mes souffrances

Text by Heinrich Heine (1797-1856)

Traduit en français par Joseph Massaad

deutsch - english


Beau berceau de mes souffrances,
Beau monument de ma tranquillité,
C'est avec un adieu que je t'annonce
Belle ville qu'il faut se séparer.

Adieu à toi, seuil sacré,
Où se promène mon intime chérie;
Adieu à toi, endroit sanctifié,
Où pour la première fois je la vis.

Pourtant, si je ne t'avais jamais vu,
Belle reine des cœurs !
Il n'y aurait jamais eu,
En moi tant de douleurs.

Je n'ai jamais voulu toucher to cœur,
Jamais, je n'ai imploré l'amour;
Je voulais simplement une vie tranquille,
Avec un souffle de ton haleine autour.

Pourtant c'est toi-même qui me pousses d'ici,
Et ta bouche prononce des mots bien aigres;
La folie m'envahit entièrement l'esprit,
Et mon cœur blessé se désintègre.

Et avec des membres ternes et lourds,
Je me traîne sur mon bâton de voyageur,
Jusqu'à ce que je pose ma tête fatiguée un jour
Loin dans une tombe et dans sa fraîcheur.