Arrête, arrête, farouche batelier

Text by Heinrich Heine (1797-1856)

Traduit en français par Joseph Massaad 

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Arrête, arrête, farouche batelier,
Au port, dans un instant, je te suis;
De deux jeunes femmes, je prends congé,
D'elles et de l'Europe aussi.

Ô sang, jaillis de mes yeux,
Ô sang, suinte de mon corps,
Je voudrais, avec ce sang chaleureux
Pouvoir inscrire mes douleurs.

Eh! mon corps, pouquoi juste aujourdh'ui
Tu t'épouvantes de voir mon sang?
Tu mes vis blême et le cœur meurtri
Devant toi, de longues années durant.

Connais-tu encore la vieille chanson
Du serpent au paradis terrestre,
Qui, à travers la pomme, ce maudit don
Causa la misère de notre ancestre?

Les pommes n’apportèrent que le désastre!
Celle d'Eve apporta la mort,
Celle d'Éris mit Troie en flammes
Tu apportas les deux, la flamme et la mort.