I
C'est dans ma nature d'avoir le regard hautin,
Mon charactère est quelque peu raide et coriace;
Quand le roi lui-même me regarderait en face,
Je ne baisserais pas les yeux, c'est bien certain!
Mais chère mère, en ta douce et céleste présence,
Quel que soit le seuil que mon orgueil puisse franchir,
En toute franchise, je voudrais pouvoir te dire
Que je me sens humble et dépourvu d'assurance.
Est-ce ton esprit qui me subjugue secrètement,
Ton noble esprit, qui toute chose pénètre hardiment,
Ensuite s'élève, là-haut, vers le clair firmament?
Est-ce le tourment du souvenir de tant d'erreurs,
Et de fautes commises qui a contrisé ton cur?
Ce beau cur, plein de tant d'amour et de chaleur?
II
Dans une démente folie, je t'ai quitté un jour;
J'ai parcouru l'univers et j'en fis le tour,
En espérant, peut-être, de découvrir l'amour,
Et de pouvoir enfin l'étreindre avec amour.
J'ai cherché sur toutes les routes avec tant de peine;
A toutes les portes, j'ai humblement tendu la main:
J'ai mendié une humble aumône d'amour, mais en vain,
Car, narquois, on ne me donna que froide haine.
En quête de cet amour, j'errais, j'errais toujours,
Mais cependant, jamais je ne trouvais l'amour,
Alors je rentrai chez moi, triste et épuisé.
Puis, je t'ai vu venir au devant de moi,
Et ce qui a luit dans tes yeux avec émoi,
Ah! c'était le doux amour, si longtemps prisé!
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