Die Nordsee - Erster Zyklus

La nuit dans la cabine

Für die Liebe!

Text by Heinrich Heine (1797-1856)
traduit en français par Joseph Massaad
deutsch


La mer possède ses perles,
Les étoiles appartiennent au ciel,
Mais mon cœur, mon cœur, à son tour,
Mon cœur possède son amour.

Le ciel est grand, la mer l'est également,
Mais mon cœur, lui, est encore plus grand;
Et mon amour qui rayonne et qui scintille
Est plus beau que les étoiles et les perles qui brillent.

Toi, petite et jeune demoiselle,
Viens! Mon grand cœur t'appelle;
Le ciel, la mer et mon cœur
Disparaissent par pur amour.

Sur la voûte bleue du ciel,
Là où les belles étoiles étincellent,
Je voudrais presser mes lèvres violemment,
Les presser et pleurer orageusement.

Ces étoiles sont les yeux
De ma belle, et comme mille feux,
Ils brillent et saluent chaleureux,
À partir de la voûte céleste bleue.

Je lève les bras avec dévotion,
Avec des prières et ces implorations,
Vers la voûte céleste bleue,
Vers ma bien-aimée, vers ses yeux:

« Ô doux yeux, lumières gracieuses,
Faites que mon âme soit heureuse,
Laissez-moi mourir pour vous gagner,
Ainsi que votre ciel tout entier! "

À partir des yeux célestes, la nuit,
Des étincelles dorées tombent et vacillent,
Et c'est avec amour que mon âme s'étend,
Et toujours plus loin, elle se répand.

Ô yeux, qui résidez là-haut dans le ciel!
Pleurez dans mon âme, pleurez de plus belle,
Afin que mon âme puisse déborder
De larmes d'étoiles illuminées.

Avec les vagues, en guise de berceuse,
Ainsi qu'avec mes pensées rêveuses,
Je m'étend tranquillement sur le lit,
Situé au coin de la cabine assombrie.

À travers la lucarne, ouverte tout grand,
Je regarde les étoiles claires dans le firmament,
Ce sont les yeux, si chers, si doux,
De la douce que j'aime plus que tout.

Les yeux doux de ma chérie
Veillent sur ma tête,
Et elle clignent et elles scintillent,
Dans le bleu de la voûte céleste.

Je regarde la voûte céleste bleue,
Durant de longues heures, bienheureux,
Jusqu'à ce qu'un voile brumeux,
Me cache la vue de ces chers yeux.

Les vagues sauvages se brisent
Là où ma tête se repose,
Sur la paroi en bois du bateau,
Elles mugissent, et me murmurent ces mots,
Dans l'oreille en secret:
« Pauvre illusionné!
Ton bras est court et le ciel est éloigné,
Et les étoiles là-haut sont fermement clouées
Avec des clous dorés.
Il est vain de désirer ou de soupirer,
Le meilleur serait que tu t'endormes. »

Je rêvai de landes énormes
Calmes, blanches et enneigées,
Et, enterré sous la neige blanche, je dormais
Du sommeil de la mort, solitaire et froid.

Mais du ciel sombre là-haut, vers le bas
Les yeux-étoiles regardèrent mon tombeau.
Les doux yeux! Et ils brillèrent victorieux,
Calmes et joyeux, mais totalement amoureux.