Die Nordsee - Erster Zyklus

Paix

Text by Heinrich Heine (1797-1856)

traduit en français par Joseph Massaad

deutsch


Le soleil se tenait haut dans le firmament,
Entouré de partout par des nuages blancs;
La mer était calme, et jetais couché,
Près du gouvernail du bateau, à méditer,
À méditer, rêveur, et à moitié endormi,
À moitié réveillé, c'est bien le Christ que je vis,
Le Rédempteur de l'univers.
Son habit blanc, flottant dans l'air,
Il marcha avec sa taille de géant
Sur terre et sur mer, tout autant;
Il dressa la tête vers le ciel, le dominant,
Il étendit les mains, en bénissant,
Tout autant, sur terre et sur mer;
Et dans son sein, en guise de cœur,
C'est le soleil qu'il portait,
Le soleil rouge et enflammé;
Et ce rouge et enflammé cœur-soleil,
Répandit ses rayons de grâces, ô merveille!
Et sa bienheureuse et favorable lumière
Illuminant et chauffant la terre et la mer.

Des sons de cloches solennels tirèrent le bateau,
Ça et là, alors qu'il glissait sur l'eau,
Pareil à des cygnes, attachés à de roses rubans,
Et le tirèrent vers la rive verte avec enjouement,
Là où des hommes habitent dans une ville dominée
Par des tours élevées.
Ô merveilleuse paix! Que la ville s'est calmée!
Et le lourd son de ceux qui bavardaient s'est étouffé,
Ainsi que celui des oppressants métiers,
Et, à travers les propres et résonnantes allées,
Des hommes avancent, tous de blanc habillés,
Portant des rameaux de palmiers,
Et quand il arrive à deux de se rencontrer,
Ils se regardent avec un esprit de douce humilité,
Et tremblant, avec amour et compréhension,
Ils s'embrassent réciproquement sur le front
Puis ils regardent vers les hauteurs,
Vers le cœur-soleil du Rédempteur,
Qui laisse rayonner avec joie
Le sang de la réconciliation vers le bas,
Et, triplement bienheureux, ils s’écrient:
" Sois loué, Jésus-Christ! "

Si cependant tu avais ardemment désiré
Cette image de rêve, qu'aurais-tu donné
En échange, toi, qui est tant aimé!
Toi, qui si faible dans la tête et dans le corps,
Qui pourtant, dans la foi es si fort,
Toi, qui dans la simplicité, vénère la trinité,
Et embrasse journellement le carlin, et la croix
Et les pattes de la sublime bienfaitrice, de surcroît,
Toi, qui avec un roulement de tambour, te sois élevé
Au rang de conseiller aulique, ou de conseiller
À la cour, et finalement comme conseiller de la régie
De la ville bénie,
Où le sable et la foi fleurissent,
Où l'eau indulgente de la sainte Spréa
Nettoie l'âme et dilue le thé,
Si seulement tu avait tant désiré
Cette image de rêve, très aimé!