Crépuscule

Text by Heinrich Heine (1797-1856)

traduit en français par Joseph Massaad
deutsch


J'étais assis au bord pâle de la mer,
Troublé par mes pensées et solitaire.
Le soleil s'enfonçait d'avantage et jetait
Sur l'eau des raies rouges enflammées,
Et, poussées par la marée,
D’énormes vagues blanches écumaient
Toujours plus près avec un grondement.
Un bruit bizarre, un chuchotement et sifflement,
Un rire et murmure, soupir et bourdonnement,
Et un mystérieux chant de berceuse, entre-temps.

Il me semblait entendre des légendes oubliées,
D'un temps immémorial, des contes bien-aimés,
Que jadis, dans mon plus tendre âge,
J'avais appris par les enfants du voisinage,
Quand, durant un soir d'été,
Nous étions accroupis devant la porte d'entrée,
À écouter sur les marches de pierre,
Attentifs, avec nos petits cœurs,
Avec des yeux curieux et arrondis,
Pendant que les grandes filles,
Étaient assises aux fenêtres opposées,
À côté de pots de fleurs parfumées,
Des faces roses et riantes, chacune,
Éclairée par le clair de lune.