Atta Troll. Songe d'une nuit d'été

Text by Heinrich Heine (1797-1856)
Traduit en français par Joseph Massaad 

Caput IX - deutsch

Avant-propos | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX | X | XI | XII | XIII | XIV | XV
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII

Telle une langue d'un rouge écarlate,
Que le prince noir de Freiligrath,
Tire, d'un air moqueur,
De sa gueule, avec fureur,

Ainsi apparaît la lune de derrière
Un ciel de nuages assombris.
Plus loin, les chutes d'eau bruissent,
Eternellement contrariantes dans la nuit.

Atta Troll se tient solitaire
Sur la coupole de son rocher favori,
Solitaire, il hurle vers le bas,
Il hurle dans l'abîme et dans la nuit:

« Oui, je suis un ours, je suis celui
Que vous nommez: ours grognon,
Ours velu, grognard ou ours Martin,
Et Dieu sait, de quels autres noms.

Oui, je suis un ours, je le suis,
Je suis cet animal sauvage épais,
Je suis ce chameau balourd,
De vos railleries, de vos sourires niais!

Je suis la cible de vos plaisanteries,
Je suis le monstre que vous utilisez
Pour terroriser vos enfants a nuit,
Ces enfants humains, mal élevés.

Je suis la grossière figure des railleries
De vos nourrices dans leurs fables,
Et c'est bien fort que, vers le bas, je le crie
Dans ce monde humain méprisable.

Ecoutez-le, écoutez, je suis un ours,
Je n'ai jamais honte de l'origine de ma personne,
Et j'en suis aussi fier que si je provenait
De la lignée de Moïse Mendelsohn ! »

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