Vieille chanson

Text by Heinrich Heine (1797-1856)

Traduit en français par Joseph Massaad 

deutsch


Tu es morte et tu ne le sais point,
Tes yeux sans lumière se sont éteints,
La rougeur de ta petite bouche a pâli,
Et tu es bien morte, mon petit enfant chéri.

Jusqu'à la tombe, je t'emmenais,
Durant une effroyable nuit d'été;
Les rossignols se plaignirent en chants macabres,
Les étoiles se joignirent à ton cadavre.

C'est devant la forêt que le cortège a dû se rendre,
Là, où les litanies qui résonnent, se font entendre;
Et, déguisés en morios, les sapins
Murmurèrent les oraisons funèbres, en refrain.

Cela se passa sur le pâturage, près de l'onde,
Les sylphides dansèrent au milieu de la ronde;
Elles arrêtèrent soudain leur dance,
Nous regardèrent avec des mines de condoléances.

Et alors que nous arrivames au tombeau,
La lune tomba du ciel, là-haut.
Elle prononça un discours, sanglota et gémit,
Et dans le lointain, le son des cloches retentit.